Le tracé de l'enceinte du castrum

Castrum matisconense

MATISCO FORTIFIéE

Mâcon, la ville du Bas

FORTIFICATION MATISCO

L’édification des castrums et les premiers travaux sur l’enceinte de Mâcon

 Fig. 1 (cliché DB)

 La fortification du Bas Empire est en fait le témoignage architectural visible le plus ancien de la cité mâconnaise. En divers points du centre historique, des pans de murs et des tours nous rappellent l’histoire gallo-romaine de la ville. Ces murs et ces tours constituaient l’enceinte du castrum, la ville fortifiée du Bas Empire. Nous essaierons, ici, de faire le point sur notre connaissance de Matisco durant deux derniers siècles de l’Empire romain.

 

Les castrum du Bas-Empire

 

À l’origine, le mot castrum désigne un camp retranché établi par une légion romaine. Par extension, ce terme sera appliqué aux villes fortifiées du Bas Empire. Ainsi, le castrum matisconense est mentionné dans un document antique : la Notitia galliarum. L’édification de murailles autour des villes romaines est un phénomène que l’on constate à partir de la fin du IIIe siècle de notre ère. Certaines cités étaient, dès l’origine, entourées par une enceinte, mais ce privilège était réservé aux capitales de cité comme Vienne ou Autun. Le rempart était alors, non pas un élément de défense, mais un équipement de prestige.

 

Après la conquête romaine, une ville comme Matisco va se développer sans souci de se protéger. Les recherches archéologiques nous montrent une urbanisation extensive bien au large de l’oppidum gaulois, au nord, à l’ouest et au sud du plateau de la Baille, sur près de 50 ha. La crise du IIIe siècle et l’élément déclencheur qui va amener la création de murailles autour des agglomérations. En effet, au milieu du IIIe siècle, l’Empire romain connaît une crise sans précédent. L’anarchie militaire conjuguée à la crise économique et aux invasions barbares, engendreront ruines et misère, et notamment en Gaule. L’enfouissement des trésors monétaires est le témoignage archéologique de cette période d’immense confusion et d’insécurité. Le trésor de Mâcon, caché probablement vers 260, est la preuve que la cité mâconnaise n’a pas été épargnée durant ces dramatiques événements. La faiblesse du pouvoir central à Rome, les guerres intestines et de succession qui minent l’État, ne permettent plus une défense efficace des frontières ; la conséquence en est une succession de raids dévastateurs menés par des tribus germaniques. À la fin du IIIe siècle, des empereurs comme Aurélien et Dioclétien vont rétablir la paix et l’autorité de Rome. Mais la politique de défense de l’Empire évolue. La défense seule des frontières, le limes, s’est avérée inefficace pour stopper les raids des Francs et des Alamans. Afin de renforcer la sécurité du territoire, désormais les agglomérations les plus importantes vont se protéger par un rempart. En termes d’urbanisme, la conséquence de ces choix est une réduction générale des périmètres urbains. À Mâcon, les habitants se retranchent sur le plateau de la Baille, siège de l’ancien oppidum celtique. La surface de la ville s’est réduite de 90 %, elle n’occupe plus que 5 ha.

 

Les premiers travaux sur le castrum de Mâcon

 

Nous devons à Gabriel Jeanton d’avoir le premier réalisé une étude sur le castrum de Mâcon. Dans un article paru en 1934 dans les Annales de Bourgogne, il nous propose une description de ce rempart et nous en fournit un plan figurant son tracé.

Fig. 2 

 Cette muraille, haute et massive, s’est inscrite de manière durable dans le paysage de la ville. Durant toute la première partie du Moyen Âge, et jusqu’à ce qu’au début du XIIIe siècle, une nouvelle enceinte vienne englober les faubourgs qui s’étaient développés, le rempart du castrum a constitué la défense de la ville. D’ailleurs, les chartes du cartulaire de Saint-Vincent font allusion à de nombreuses reprises aux murs ou murailles (moenia), de la ville. Elle fut sans doute à de maintes reprises remaniée. Au XIVe siècle, elle est dénommée « muraille sarrasine ». Cette appellation « sarrasine » désigne un élément dont on ignore l’origine exacte. Un plan du nord du plateau de la Baille de la première moitié du XVIIIe siècle, publié par Jean-François Garnier, indique un tronçon de muraille toujours désigné comme murailles sarrasine.

 La recherche de G. Jeanton

L’étude de Gabriel Jeanton nous décrit précisément le tracé du rempart. Celui-ci vient enserrer la colline de la Baille, dite aussi la Rochette. Il nous propose pour la façade orientale du rempart, dominant la Saône, un tracé rectiligne, s’appuyant sur la crête rocheuse du relief. Nous savons aujourd’hui, grâce aux travaux d’Alain Guerreau, de François Cognot et aux observations de Georges Berthoud, que cette proposition est inexacte. En effet, les bâtisseurs du rempart, ont aménagé une défense pour la partie basse de la ville placée entre le rivage de Saône et le relief du plateau. La muraille forme ainsi un redan qui protégeait vraisemblablement une zone portuaire essentielle au ravitaillement de la ville. À la fin des années 50, lorsque les premiers travaux d’aménagement du plateau de la Baille ont entraîné la destruction des bâtiments vétustes qui occupaient le sud de l’ancien castrum, des observations archéologiques avaient déjà souligné l’absence de rempart sur le rebord oriental de la colline. André Jeannet avait, en 1959, relevé la coupe d’une tranchée pour l’installation d’une canalisation, depuis la place de la Baille jusqu’à la rue Franche. Dans la publication de ce suivi de travaux, il met bien en évidence le fait qu’aucune structure défensive n’a été repérée au-dessus de la rue Dinet. En revanche, la présence de constructions à l’ouest de la rue Franche, indique sans ambiguïté l’existence du rempart à ce niveau.

 

La proposition de tracé de Gabriel Jeanton s’appuyait en fait sur l’interprétation des chartes du cartulaire de Saint-Vincent. Dans ces chartes, la cathédrale Saint-Vincent est mentionnée comme construite infra muros, c’est-à-dire « sous les murs ». À la lumière des travaux récents nous devons interpréter infra muros, non pas comme désignant la cathédrale à l’extérieur de l’enceinte, mais comme dans la partie basse de la cité. Cependant, Gabriel Jeanton n’ignorait pas l’existence de cette partie du rempart. Il y fait allusion dans son ouvrage sur le vieux Mâcon, mais il considère cette enceinte comme une fortification secondaire, distincte de celle du castrum proprement dit.

 Fig. 3

 Aujourd’hui nous pouvons observer la muraille du castrum encore concernés en différents points :

– Dans la cour de l’école Jeanne d’Arc où sa base est constituée de six assises de blocs en grand appareil 

– Derrière l’École d’Art, cours Moreau, où le mur qui sépare ce bâtiment du Palais de justice laisse voir également des blocs en grand appareil (Fig.7). On peut y voir aussi une tour, au Moyen Âge la tour de Luyat. En effet, cette portion de la muraille antique fut réutilisée par l’enceinte médiévale. Dans ce même secteur, à l’est de la tour subsistante, existaient deux autres tours dénommées à la période médiévale tour des Roses et tour du Listre. Elles sont figurées sur le plan de Du Bois de 1754. Nous pouvons raisonnablement supposer qu’il s’agissait de structures appartenant à l’origine à l’enceinte du castrum.

 

Les blocs en grand appareil visibles dans la muraille

Fig. 4 ,5 et 6  

Fig .7 (cliché DB)

 – Dans le passage des amphores, entre la rue Dinet et la rue Philibert Laguiche, là où une vitrine présente les vestiges découverts lors des fouilles réalisées en 1982.

– Rue Paradis, où une tour romaine est comprise dans un îlot de bâtiments appelé « la maison du bailli ».

 

 

 

 

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